Il date maintenant d'il y a quelques années, et pourtant, quand je re-regarde mon carnet, les souvenirs restent très vivants.
De nos jours, avec le numérique, on peut prendre un nombre quasiment illimité de photos durant un voyage. Mais prend-on le temps de les visionner par la suite, alors qu'elles sont au nombre de plusieurs centaines, voire milliers ?
A contrario, le carnet de voyage permet un autre rapport au monde, une autre façon de voyager, où l'on met de côté l'instantanéité de la photo, pour entrer en relation avec ce qui nous entoure d'une autre façon.
Je n'ai rien contre la photographie, je la pratique moi-même, et nombreux sont les photographes-voyageurs qui font un travail que je trouve magnifique, et qui ont pu inspirer beaucoup de mes tableaux.
Mais mettre son appareil photo de côté, pour dessiner sur le vif, est une démarche qui permet à mon sens de voyager autrement, qui est plus propice à la rencontre, au partage, à l'émerveillement. Et ce d'autant plus lorsqu'on se trouve dans un pays où les gens n'aiment pas qu'on les prenne en photo.
On en ramène un objet dont la qualité artistique peut être moyenne, mais finalement, ça n'est peut-être pas la question. Chaque dessin, gribouillage, collage, etc., raconte quelque chose de personnel, s'accompagne d'une anecdote, et même à travers les maladresses, quelque chose d'authentique et de vivant se ressent.